Louis-Philippe Hébert
Monument à Édouard VII
1914
Présentation de l'oeuvre
Au moment de lancer un concours national et une souscription publique pour la réalisation d’un monument à Édouard VII, le square Phillips se démarque comme lieu d’installation de l’œuvre : au cœur de la ville marchande en plein essor, cet espace public, contrairement aux squares Dominion et Victoria, n’a pas de monument.Le monument s’articule autour d’un socle à section carrée placé au centre d’une terrasse à deux niveaux composée d’un palier gazonné et d’une promenade de granit. Trois sections forment le socle, une base étagée à laquelle sont assujettis deux groupes statuaires et deux personnages isolés; un tronc central portant des inscriptions sur ses faces nord et sud; une partie supérieure, étagée et en retrait, couronnée d’un plateau sur lequel est déposée la statue du souverain.
Tout de la statue illustre les fonctions royales d'Édouard VII : la pose, les vêtements et les objets. Très droit et très digne dans son ample manteau doublé d'hermine, il présente le sceptre. La couronne impériale repose sur un coussin à ses côtés. Bien que plus grand que nature, le personnage est rendu avec une rigoureuse exactitude. Cependant, pour décrire la vision et les actions de ce roi que l’on désigne comme le « pacificateur », Hébert recourt à des allégories.
Empruntant à la tradition grecque classique, la figure de la paix armée, du côté nord, prend les traits d'une femme assise brandissant un rameau d'olivier, l'épée déposée sur les genoux et à moitié cachée par les plis de son vêtement. Sa main gauche maintient en place un bouclier, celui de la vie, orné d'une figure d'enfant portant sur un plateau des fruits et un rameau de chêne.
Côté est, le groupe de la prospérité illustre les principaux intérêts de ce monarque, l'industrie, le commerce, l'agriculture et l'éducation qui engendrent la prospérité. La figure féminine centrale, avec sa corne d'abondance, représente le commerce et l'autre, vêtue en paysanne et penchée sur une gerbe de blé, l'agriculture. Le personnage masculin, portant tablier d'ouvrier et s'appuyant des deux mains sur le manche de son outil, représente l'industrie et l'enfant, assis en tailleur et plongé dans la lecture, l'éducation.
Côté ouest, le groupe représentant la bonne entente entre les peuples, seule facette canadienne de la composition, inclut les quatre nations prédominantes européennes qui composent alors la population du Canada : française, anglaise, écossaise et irlandaise.
Côté sud, contemplant la chaîne qu'il vient de rompre et dont il brandit les maillons arrachés, la figure dite du génie de la liberté symbolise le premier acte souverain accompli par Édouard VII. À son couronnement, celui-ci modifie le serment archaïque que doit prêter le roi d'Angleterre, à savoir, de persécuter la religion catholique.
Édouard VII est l’ultime œuvre monumentale d’Hébert, et marque l’apothéose du genre.
Événements associés
Édouard VII (1841-1910) succède à sa mère, la reine Victoria, à l’âge de soixante ans. Un règne court, mais déterminant pour la politique étrangère de l’Angleterre, où il s’illustre comme le « roi pacificateur ».
Louis-Philippe Hébert
Louis-Philippe Hébert (27 janvier 1850, Sainte-Sophie-d’Halifax, Québec – 13 juin 1917, Westmount, Québec) est formé dans la tradition québécoise de la sculpture sur bois héritée du XVIIIe siècle. Il se tourne rapidement vers les techniques complexes de la fonte du bronze qu’il découvre au cours de ses fréquents séjours à Paris. Artiste raffiné et consciencieux, Hébert a su assimiler l’essentiel de cette façon de travailler. Par son œuvre magistrale, il marque une étape fondamentale de l’art sculptural du Québec, lui permettant du coup de franchir le seuil de la modernité.
Prix et distinctions
- Chevalier de Saint-Michel et de Saint-Georges, 1903
- Chevalier de la Légion d'honneur, 1901
- Médaille de la Confédération, 1894
- membre de la Royal Canadian Academy of Arts, 1880