Stephen Schofield
Où boivent les loups
2016
Présentation de l'oeuvre
Cette œuvre majeure de Stephen Schofield a été conçue en cinq tableaux. La progression des compositions du parcours en fait un programme narratif qui renvoie à différentes disciplines de l’univers du spectacle. Les diverses représentations de la main y sont liées au pouvoir de l’illusion, à la performance, au jeu et à la quête du geste juste. En outre, les multiples points de vue géographiques de l’œuvre en proposent un vaste registre de lectures.Le figurant et celle qui regarde est composé de deux personnages de bronze : le comédien, en équilibre précaire sur une chaise d’acier, esquissant le geste de l’autre personnage, la metteure en scène assise sur une seconde chaise. Dans ce tableau, réaliste et expressif, l’artiste mise sur la tension psychologique entre les deux personnages.
La procession est une composition de cinq sculptures d’enfants, en bronze, portant un gigantesque personnage réalisé par un assemblage de plaques d’acier. La scène évoque les processions allégoriques des fêtes populaires d’antan, à l’effigie tantôt du héros, tantôt du tyran.
La cadence représente une forme graphique élaborée à partir du découpage de la gradation d’une main dans un cercle se développant dans l’espace. Reproduit à grande échelle, le tube d’aluminium ajouré apparaît à l’horizontale sur son socle. Le mouvement qui en résulte suggère la transition du bidimensionnel au tridimensionnel tout en faisant référence aux applaudissements et à la gestuelle du chef d’orchestre.
Le théâtre de l’intime présente deux paires de mains creuses surdimensionnées, en béton, dont les doigts sont percés pour laisser pénétrer les rais de lumière. Le détail de mains d’enfants est visible à l’intérieur des deux coques. Les sculptures s’élèvent sur une charpente métallique conçue à la manière d’un praticable de scène.
Tenir en équilibre s’incarne par la sculpture d’un personnage féminin dont le corps se tient à l’horizontale dans l’espace, en équilibre sur sa main appuyée au bout d’un mât d’aluminium. Ce tableau évoque la virtuosité de la danse contemporaine. De plus, l’apesanteur du corps, la jupe en crinoline et la démesure de la main d’appui du personnage, contrastant avec le traitement réaliste des autres éléments, réfèrent également à la fantaisie de la bande dessinée.
« À travers la narration de cette œuvre, mon but était de partager le plaisir d’explorer la matière de l’objet sculptural en témoignant de mon empathie pour la figure humaine. Le titre, extrait d’un poème de Tristan Tzara, l’un des premiers dadaïstes, est une métaphore du défi et du risque, puisée en eaux profondes pour créer une œuvre forte. L’image de la rivière, où les loups viennent boire, correspond à la rue Jeanne-Mance que longent les cinq sculptures. »
– S. SCHOFIELD
Événements associés
Le concours organisé par le Bureau d’art public de la Ville de Montréal, en 2012, s’inscrivait dans le plan de revitalisation du Quartier des spectacles. Conformément à la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics (le 1 %), la commande proposait l’intégration d’une œuvre phare se déployant sur cinq plateaux répartis sur un segment de la promenade Jeanne-Mance. L’œuvre projetée devait participer à l’identité du Quartier des spectacles selon sa vocation spécifique et l’héritage culturel qu’il représente.
Stephen Schofield
Né à Toronto, Stephen Schofield vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia de Montréal (1982) et un baccalauréat en beaux-arts de l’Université York de Toronto (1975). Depuis 1999, il enseigne à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec. À travers le dessin, la sculpture et la performance, la représentation figurative du corps humain est demeurée au cœur de la pratique de l’artiste. Ses œuvres ont été exposées au Canada et à l’étranger et font partie de la collection de la Ville de Montréal et de celles des plus importants musées canadiens.
Prix et distinctions
- Prix Louis-Comtois, 2005